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Quand les trotteurs naissent à Chamerande

L’air est vif, la brume se dissipe sur un anneau de sable fin tracé au cœur des terres de Chamerande. Une jument de deux ans, tourne sur la piste ovale entrainant dans son sillage un sulky et son driver... Laurent Denis, son propriétaire, teste, observe les attitudes, les faiblesses, cherche les détails à corriger.

« C’est une jeune pouliche. Elle est grande pour son âge. Elle a quelques soucis.. Elle m’est venue d’un ami éleveur, malheureusement décédé. Je l’ai en partage avec sa veuve. Il m’avait demandé d’en faire quelque chose. Je la soigne. Elle a échoué en sélection. Pas sur la vitesse, c’est une flèche, mais sur des défauts en course qu’il faut corriger. Il faut trouver pourquoi ça ne va pas ».

Laurent Denis a d’autres juments, des chevaux en pleine propriété ou dont il possède une part avec d’autres propriétaires. Ces pouliches, chacune dans un enclos équipé d’un abri, attendent leur tour de piste... Dans un parc à quelques pas, trois poulains observent le travail de leurs ainés...

« Depuis deux ans j’élève des poulains. J’ai quatre poulinières. Elles sont toutes pleines. Je vais en avoir deux de plus dans les prochains jours ».

Des soins très coûteux

« Il est difficile aujourd’hui de trouver des vétérinaires qui sachent soigner un cheval de course. Il faut parfois aller loin et ça coûte cher. Nos chevaux sont comme des athlètes de haut niveau. Ils s’entrainent tous les jours et peuvent courir sur des sols souples mais aussi sur des sols durs et subir des traumatismes. Certaines blessures, déchirures, inflammation de tendons, de gaines, micro-fissures qui ne seraient pas décelées à temps peuvent avoir des conséquences dramatiques pour l’animal. Les soins sont très particuliers et les jeunes véto ne sont pas vraiment formés à ça. C’est compliqué ».

« Avant, il m’arrivait de prendre des chevaux venus d’autres haras. Du nord, de Normandie, voire d’Ile de France. Des chevaux dont le programme n’était pas adapté et qui, parfois, n’avaient pas toujours été bien respectés. Les soigner, les remettre en course, c’était beaucoup de temps passé et cela avait un coût pour des résultats pas toujours convaincants. J’en ai eu assez de faire l’hôpital, de remettre en état... J’ai tout arrêté pour repartir avec du neuf. Désormais, j’élève mes chevaux ».

D’où viennent les poulinières ?

« Il faut savoir que chaque cheval à son livret de famille, comme les humains. Tout est contrôlé. On connait sa filiation, sa fratrie, sa descendance quand il en a. On peut avoir de très bonnes poulinières à

des prix abordables. Ce n’était pas le cas il y a dix ans. Le marché s’est dégradé pour différentes raisons. Des propriétaires ont renoncé. Le métier est devenu tellement compliqué que des gens en fin de carrière ont fermé boutique. Personne ne les a remplacés.

Un Cheval de compétition ce n’est pas un jouet. Elever un cheval de course c’est un luxe qui coûte cher. Du coup, beaucoup de poulinières se sont retrouvées sur le marché à des prix très inférieurs à leur valeur. Il faut connaître son métier et savoir choisir. J’en ai profité. Pour autant, cela ne signifie pas qu’elles ne feront que de bons poulains ».

Comment élève-t-on un poulain de race

« Les trotteurs français sont réputés être les meilleurs, mais la réglementation, chez nous, est draconienne. On n’a par exemple pas le droit de transporter le sperme comme ils le font dans d’autres pays comme les USA ou la Suisse. La jument doit être conduite auprès de l’étalon et être saillie sur place. Cela à un coût, au prix de la saillie il faut ajouter celui du transport et de la pension pour le temps que la poulinière reste près du géniteur. Un poulain peut coûter jusqu’à 4 à 5000 euros sous la jument et je ne parle pas des grandes lignées. Après, il faut le débourrer, l’éduquer, tester ses capacités en attelage et le présenter en sélection. Un cheval ne peut courir tant qu’il n’a pas franchi ce premier cap.

L’amélioration de la race passe par des critères extrêmement sévères. Quelle que soit sa lignée, ce n’est jamais gagné d’avance ».

Une petite écurie, mais un grand professionnel

Driver, Laurent Denis fut champion de France des apprentis puis Champion d’Europe des jeunes drivers, un challenge organisé par la fédération internationale du trot, alors qu’il représentait la France devant une trentaine de Nations. Il confirmera ce titre plus tard par des séries de victoires qui lui vaudront d’être sacré à nouveau comme le meilleur jeune driver sur le sol national.

Ses parents, Arlette et Gérard Denis étaient éleveurs. Laurent, né au milieu des chevaux, a grandi avec eux... comme sa passion. La suite est devenue une belle promesse couronnée par ces titres et un passage chez les professionnels.

Mais le monde des courses, très médiatisé et dominé par l’argent est implacable. Laurent, au talent reconnu, sollicité dans la capitale a préféré rester en province. Il connaitra des aventures intéressantes dans de grandes écuries mais qui ne correspondaient pas à l’idée qu’il se faisait de son métier et de sa relation avec les animaux. Après diverses péripéties, il se fera enrôler par une petite écurie, plus humaine au sens commun. Et il y trouvera son bonheur.

« C’était un ancien éleveur dont les chevaux n’était pas très bien exploités. J’ai remis tout cela en route. Il m’a fallu beaucoup de travail mais on s’est mis à gagner course sur course. Un carton plein. C’était inespéré. Cela se passait comme dans un rêve. Je me suis retrouvé être le meilleur jeune driver de France ».

A nouveau sollicité, il déclinera les offres mais connaitra d’autres aventures plus ou moins heureuses, deviendra entraineur au service d’une maison réputée, jusqu’à ce qu’il décide de l’être pour son propre compte.

« Quand je suis venu à St-Bénigne je n’avais plus un seul cheval. Rien n’allait plus et je m’étais débarrassé des chevaux que j’avais. Il ne me restait qu’une part de propriété sur une pouliche. Mon associé n’en voulait pas. Je l’ai récupérée et soignée. J’ai passé beaucoup de temps avec elle. Ce fut, en définitive, la meilleure pouliche que je n’ai jamais eue. C’est comme ça qu’on est reparti.

Cette année dans la génération des G j’ai de très bonnes pouliches, je pense qu’on sera bien.


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