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1962... Il y a 55 ans Monique, 8 ans, découvrait la France

Cette année 2017 marque le cinquante-cinquième anniversaire de la fin de la guerre en Algérie. Durant ces cinquante-cinq années, soldats du contingent, rapatriés, algériens de souche qui ont vécu tout ou partie de cette guerre qui dura 8 ans, ont tenté, parfois vainement, d’en refermer les blessures.

Monique avait 8 ans lorsque, en septembre 1962, ses parents on fuit l’Algérie. Si l’enfant qu’elle était ne comprenait pas tout, les mois terriblement oppressants qui ont précédé le départ de sa famille et son installation en métropole l’on marquée à jamais.

Monique est née à la maternité de Maison Carrée, en 1954, l’année où la guerre a éclaté. Ses parents habitaient Aïn Tahia un village situé sur la côte méditerranéenne, à 22 km au nord d’Alger.

En avez-vous le souvenir ?

« C’était un très joli coin, sans trop de problèmes. Un gros village principalement européen avec sa gendarmerie, ses écoles, son collège, une caserne militaire, toutes sortes de commerces dont une grande librairie, mais également des boutiques arabes comme des café maures. Toute notre famille, oncles, tantes ou cousins, habitait là ou dans le secteur proche ».

« Nous, les enfants, étions relativement protégés des échos et des rumeurs de la guerre car il n’y avait pas, à l’époque, le déferlement de médias tel qu’on le connait aujourd’hui. Les parents en parlaient entre eux, mais pas en présence des enfants ce qui fait que tout en ressentant la tension des peurs qui s’installaient progressivement, nous vivions comme des enfants ».

Quel était le climat des dernières années ?

« Je me souviens, je devais avoir dans les 4 ou 5 ans la première fois, que l’on prenait le bus pour aller à Alger. Il n’y avait pas de souci. Il me semble que nous n’étions pas dans un secteur où il y avait le plus à craindre. Sauf la dernière année. Mon père, qui avait 35 ans, avait été rappelé pour participer à des patrouilles. Pour moi ça voulait dire qu’il se passait des choses. Il était absent toute la nuit, ma grand’mère venait dormir à la maison... aussi à partir de cette période on a senti le danger. Il se disait que des algériens entraient dans les maisons, volaient ou se montraient menaçant et, bien qu’il ne soit rien arrivé dans notre cercle familial, la peur nous étreignait ».

« Quand les accords d’Evian ont été signé on a tout de suite senti davantage d’agressivité, y compris de la part de gens que l’on croyait bien connaître. On n’avait plus le même accueil dans les commerces, on se sentait de moins en moins en sécurité... Tous les rapports humains étaient en train de changer. Il faut quand même bien reconnaître que, quoiqu’on en dise, il y a toujours eu deux mondes différents. Des mondes qui cohabitaient, tant bien que mal avec des accrocs, avant la guerre, et de plus en plus mal ensuite. Mais à partir de 1962, c’était deux mondes qui se faisaient face, s’opposaient même, et pour nous il y avait tout à craindre ».

Quand est venue la décision du départ ?

« Mes parents avaient une exploitation maraîchère. Ils employaient des algériens et vendaient leurs légumes dans le secteur. Cependant, le soir nous ne dormions plus à la maison, mais dans une gendarmerie. Nous revenions seulement le matin. Notre famille était là depuis plusieurs générations. Pour nous, pour moi qui avais 8 ans, nous étions chez nous, dans notre maison, sur nos terres. L’un de mes oncles, plus clairvoyant avait dit quelques années avant à mon père « il faudrait partir maintenant. Il n’y a plus d’issue ». Mais papa ne pouvait pas imaginer ce genre de chose : devoir partir et tout abandonner, tourner le dos aux amis, à la famille, aux ancêtres, à tout. C’était inconcevable ».

« Cependant avec ce qui se passait un peu partout, la terreur s’est installée. Nous sommes partis en septembre 1962. Le départ avait été organisé dans le secret. Une nuit, alors que nous dormions chez nous, mon père nous a réveillés. Nous sommes montés avec quelques valises dans la camionnette d’un cousin qui nous a emmenés à Maison Blanche. J’ai vu mes parents pleurer pour la première et la seule fois de ma vie. Le lendemain, nous atterrissions à Marignane en laissant tout, notre maison, nos meubles, nos jouets, en un mot notre vie, à Aïn Taya. Mais pour moi, c’était un soulagement. J’avais acquis la certitude que, restant là-bas, j’étais en danger de mort. Ici en France, je me se savais en sécurité. Il y a eu encore quelques temps de galères mais le reste de ma famille a pu revenir également.

Vos proches sont-ils dans la région ?

Non. Notre famille est écartelée. Selon le travail, les logements, les points de chutes que les uns et les autres ont pu trouver, il y en a dans tous les coins de France. Pour ce qui nous concerne, après plusieurs hébergements, nous nous sommes installés dans le Doubs dans des logements spécialement construits pour accueillir les rapatriés, j’ai repris l’école et mon père a pu être embauché chez Peugeot ».

« C’était une autre vie. C’est là que j’ai connu mon mari, français, né en France, mais dont l’histoire familiale est assez semblable à la mienne puisque ses parents, d’origine allemande, sont venus s'installer dans cette région tout de suite après la guerre. Après notre mariage et la naissance de ma première fille, nous sommes venus vivre près de Lyon, mon mari voulait se mettre à son compte et moi je voulais retrouver un peu de soleil.. Saint-Bénigne, commune où nous plaisons bien est notre dernier domicile ».


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